Historique

Jean-Charles de Borda

Né à Dax le 4 mai 1733, son goût pour la recherche et les mathématiques ne l'attire point au début vers la Marine mais vers l'École du génie militaire de Mézières. Il se fait ensuite transférer aux Chevaux légers pour poursuivre à Paris sa formation scientifique. En 1756, il rédige pour l'Académie des sciences un mémoire sur la balistique. C'est seulement vers 1762, à vingt-neuf ans et après un séjour dans le port de Dunkerque qu'il arrive à Brest au service des bâtiments de l'arsenal, à une époque où, sous l'impulsion de Choiseul, la flotte tente de se relever de ses ruines. Il se découvre une passion pour l'étude des fluides et leurs applications dans la construction navale. Cependant, la Marine regarde d'un oeil soupçonneux ce "terrien" qui veut entrer dans le corps très fermé des officiers. En 1771, il est embarqué sur La Flore chargée par l'Académie des sciences de mettre au point les montres marines. Il est nommé lieutenant de vaisseau en 1775 alors qu'il est déjà très connu, voire célèbre pour ses nombreux travaux scientifiques et ses communications à l'Académie des Sciences, en particulier dans le domaine de l'observation et de la navigation. À cette époque, il fait connaître sa méthode des relèvements astronomiques obtenus par des instruments de réflexion. La mesure du méridien est la grande entreprise qui mobilise alors la communauté scientifique.
La guerre de l'indépendance américaine vient bouleverser ses activités. Borda est tout d'abord major général de l'escadre de l'amiral d'Estaing, puis est promu à quarante-six ans capitaine de vaisseau. il commande en 1781 Le Guerrier et en 1782 Le Solitaire, vaisseau de 74 canons, avant de se voir confier le commandement d'une petite division navale à la Martinique. Le 6 décembre 1782, il se heurte alors à une force anglaise beaucoup plus puissante. Après plusieurs heures de combat, son navire étant désemparé et une bonne partie de l'équipage, dont son second, tués, il doit amener son pavillon.

Libéré après une captivité peu sévère, il reprend alors ses activités. C'est à la veille de la Révolution française qu'il va connaître la consécration. En 1783, le ministre de la Marine lui confie la direction des constructions navales à Paris. il est inspecteur des constructions navales en 1784, directeur de l'École des élèves ingénieurs de la marine en 1789. il publie en 1787 son ouvrage Description et usage du cercle de réflexion après avoir réalisé l'instrument en 1775. Le chevalier de Borda a traversé la Révolution française, plutôt qu'il n'y a participé et il a évité la guillotine qui a emporté tant de ses collègues de la Marine et de l'Académie. Mais il n'en profite pas pour commencer une nouvelle carrière comme son collègue Monge qui sera ministre de la Marine. Il est pourtant membre de l'Institut créé en 1795 et il participe à l'instauration du système métrique. Mais sa santé et sa fortune se sont altérées. Travaillant toujours sur des problèmes de réfractions et de logarithmes, il disparaît à Paris en 1799

Ainsi la guerre de l'indépendance et la Révolution se sont conjurées pour empêcher le chevalier de Borda de donner sa pleine mesure et de réaliser la carrière que ses dons et son travail lui permettaient d'espérer. Il meurt à Paris en 1799.

(d'après un article du capitaine de vaisseau Michel Pène - Cols Bleus n°2485 mai 1999)

 

Plusieurs bâtiments ont porté son nom, dont un brick de 10 canons construit à Bayonne, puis 3 vaisseaux "trois ponts" ayant successivement abrité l'école navale de 1839 à 1914. Le Borda actuel est un bâtiment hydrographique construit à Lorient en 1988. Il a 4 sister-ships : Le Lapérouse, le Laplace, l'Arago et le Thétis qui est un bâtiment d'essais pour la guerre des mines, ce dernier est le seul à posséder une coque de couleur grise.